N’en déplaise aux afficionados des solutions miracles, la découverte de nouveaux médicaments passe par des expériences faites sur des modèles animaux ; le plus souvent il s’agit de rongeurs ou de petits mammifères (voir cet article pour plus de détail). Il fut un temps pas très lointain lors duquel il n’y avait aucun contrôle sur l’entretien et les conditions de vie de ces animaux avec des abus évidents de maltraitance et des conditions inacceptables (pas de contrôle du bruit par exemple). Depuis, les choses ont changé : il existe maintenant des structures de vérifications du bien-être animal, et la nécessité de déposer des demandes précises contenant le type de manipulations qui seront faites avec tous les détails et dans quelle animalerie. Ces dossiers sont longs et fastidieux à faire, nécessitant de décrire en détail ce qui sera fait alors même que les avancées de la science se font souvent de façon imprévue, nécessitant du coup de sortir des programmes préétablis ; ce qui devient de plus en plus difficile. Il est compréhensible que des règles soient fixées pour respecter les conditions de vie des animaux de laboratoires mais le balancier est allé trop loin dans l’autre sens et comme dans beaucoup de domaines, la bureaucratie et la cohorte de fonctionnaires zélés qui appliquent à la lettre des textes écrits par des technocrates qui n’ont jamais mis les pieds dans un laboratoire ont pris la relève. Qu’on en juge ! Pour déplacer des souris d’une animalerie vers le laboratoire –parfois distant de quelques dizaines de mètres- il faut une voiture assermentée (par le préfet de région) avec le coût carbone et euros qui va avec ! A l’intérieur d’un laboratoire, il est strictement interdit de déplacer une cage avec des souris dedans si ladite cage passe par un corridor appartenant à une structure autre que celle qui l’a acquise. On ne se sait jamais, il pourrait y avoir un accident, une mauvaise rencontre. Du coup, il faut déplacer des murs et reconstruire des laboratoires afin de respecter ces règles absconses sans aucune logique. Mieux, des contrôles imprévus ont lieu et si une règle n’est pas respectée, le laboratoire ferme et met en chômage technique ses salariés chercheurs et techniciens. On ne badine pas avec le bien-être animal et tant pis si la découverte de médicaments en subit les conséquences.
Il est intéressant de comparer cette situation avec celle des contrôles sanitaires de notre nourriture. Ainsi, une entreprise comme Lactalis qui vend l’essentiel du lait consommé en France, ne subit pas de contrôle inopiné des services sanitaires de l’Etat ! Il a fallu un scandale sanitaire avec salmonelle et autres causes d’infection de nombreux enfants pour que l’on s’aperçoive que, comme à l’époque de Mme Thatcher et les scandales de la vache folle, l’entreprise effectue elle-même ses contrôles avec l’indépendance et l’efficacité que l’on imagine aisément. Les députés demandent maintenant que cette entreprise, comme d’autres, soit soumise à des règles de contrôles imprévus avec des sanctions immédiates si une déficience est avérée. Peut-être qu’il serait bon d’appliquer en même temps -phrase en vogue et en marche- à la population, les mêmes règles prévues pour le bien-être de nos souris de laboratoires ! Mais il semble que les lobbys de Lactalis soient autrement plus efficaces que ceux qui souhaitent œuvrer pour découvrir de nouveaux médicaments.