Des données expérimentales sur des souris suggèrent que les césariennes à terme n’affectent pas la maturation cérébrale

Chez les mammifères, la naissance est un des processus les plus complexes sur le plan biologique, autant pour la femme que pour le fœtus. En effet, un réseau hormonal complexe se met en place pour permettre l’accouchement, tandis que le fœtus doit, à la naissance, rapidement ajuster ses fonctions métaboliques, hormonales, pulmonaires, cardiovasculaires, immunologiques, et microbiotiques pour permettre sa survie. Les conditions dans lesquelles a lieu ce processus peuvent être à l’origine de nombreuses maladies neurologiques et psychiatriques, d’où l’importance d’en déterminer les mécanismes. Le mode de naissance – par voie basse ou par césarienne – est aussi un facteur important. Ainsi, le nombre de naissances par césarienne est en constante croissance, avec un taux mondial moyen de 18.6%, de 20% en France, et des taux dépassant 50% au Brésil, en Egypte et en République dominicaine. Ces changements sont liés à une évolution sociale de la perception des césariennes, associée à une augmentation du nombre de césariennes programmées sans raison médicale. Pourtant, les données épidémiologiques sur les séquelles neurologiques et psychiatriques survenant après une césarienne programmée à terme ou pré-terme sont débattues. Pour la plupart de ces études, les césariennes augmentent l’incidence de l’autisme. A ce jour, l’étude la plus large, réalisée sur 5 millions de naissances dans les pays nordiques et l’Australie, suggère une augmentation de l’incidence de l’autisme, que la césarienne soit réalisée à terme ou pré-terme. Ce problème reste complexe du fait des conditions hétérogènes associées à la naissance par césarienne. C’est pourquoi les données expérimentales en conditions contrôlées sont indispensables pour comprendre le lien réel entre césarienne et autisme.

Dans une étude effectuée à Marseille (Luminy) par Morgane Chiesa dans le cadre de son travail de thèse, sur la direction du Yehezkel Ben-Ari et avec le support de l’équipe de Neurochlore, les effets de la césarienne programmée sur le développement neuronal ont été étudiés chez la souris. Les césariennes ont été effectuées soit à terme, soit 24 heures avant le terme (des délais plus longs étaient impossibles du fait de l’immaturité des poumons). Nous avons comparé différents critères anatomiques, physiologiques et cellulaires chez les nouveau-nés de la naissance à l’âge adulte. Les résultats suggèrent que les césariennes, qu’elles soient effectuées à terme ou pré-terme, n’impactent pas l’activité électrique des neurones ni les comportements des souris à l’âge adulte. Cependant, chez les souriceaux nés pré-terme par césarienne, les neurones sont transitoirement sous-développés à la naissance et une augmentation du comportement de vocalisation est observée.

Ces données suggèrent donc que la césarienne à terme n’induit pas de conséquences nocives pour le fœtus. Toutefois, une césarienne pré-terme induit des altérations transitoires qui, cumulée à un problème intervenant pendant la grossesse, pendant ou peu après la naissance, pourrait aboutir à des séquelles à long-terme.

 

Article à lire en ligne

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *