Suite à des traumas ou d’autres pathologies graves, il arrive que le patient reste à l’état apathique/akinétique pendant des années. Plusieurs articles scientifiques rapportent que l’administration d’un Benzodiazépine (le Zolpidem) produit un effet paradoxal étonnant, le patient s’éveille pendant quelque temps comme si de rien n’était. Ainsi, dans cet article publié par Arnst et collaborateurs des Pays-Bas, suite à un épisode grave d’ischémie cérébrale et des lésions importantes, ce patient âgé de 29 ans est resté apathique, incontinent, avec une rigidité musculaire et aucune réaction affective pendant 8 ans. Une administration de Zolpidem produit une réaction quasi immédiate d’éveil, le patient est joyeux, alerte, répond aux sollicitations de son entourage et appelle par téléphone son père qui ne l’a pas entendu depuis 8 ans. Cet éveil dure peu (quelques heures) et est difficile à reproduire. Des réactions de ce type ont été souvent rapportées dans la littérature sans que son mécanisme ne soit élucidé.
Or dans des conditions normales, les Benzodiazépines agissent en augmentant l’efficacité du transmetteur inhibiteur GABA d’où les effets anxiolytiques et anesthésiques. Par contre dans des conditions pathologiques, par exemple après des crises d’épilepsies, il exerce des effets paradoxaux augmentant la crise parfois car le GABA excite les neurones plutôt que les inhiber. Ces effets paradoxaux sont dus aux altérations des taux intracellulaires du chlore ([Cl–]i). Quand ces taux sont faibles le GABA inhibe et quand ils sont élevés il peut avoir des effets excitateurs. Du coup, le Benzodiazépine aura des effets opposés paradoxaux. Du coup on peut envisager que le coma et l’événement pathologique à l’origine du coma a produit ces taux élevés de [Cl–]i ce qui est d’ailleurs observé dans des modèles animaux de trauma crânien et d’épisode d’ischémie cérébrale. Il me semble donc possible que la réduction des taux de [Cl–]i pourrait atténuer le mal original et peut être accroître en durée les effets des Benzodiazépines. La Bumétanide -de loin la molécule la plus efficace à réduire ces taux- pourrait être testée assez facilement étant donné ces faibles effets secondaires et l’expérience accumulée de son utilisation chez l’homme pour traiter l’autisme, la maladie de parkinson ou des crises d’épilepsies.
Yehezkel Ben-Ari CEO Neurochlore, Président de IBEN
Référence :
- Y. Ben-Ari. Is the awakening produced by benzodiazepines due to excitatory actions of GABA? Translational Medicine Communications 2021:6:6
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