Les gènes de l’homosexualité n’existent pas mais la pauvreté abyssale de la génétomanie est bien vivante

Depuis 40 ans et la révolution génétique, il semble que tout est dû à des mutations génétiques ! Il y a eu les gènes de l’intelligence, de la criminalité et bien sûr de l’homosexualité. Dans une première mouture, il y a quelques années, il s’agissait de modifications dans la taille de certaines structures du cerveau avant que l’on s’aperçoive que les tailles de l’échantillon rendaient impossible toute conclusion et que les données étaient peu convaincantes. La revue Science ressuscite cette approche avec des données sur plus de 500 000 individus des deux sexes, en comparant les génomes de personnes homo et hétérosexuelles.  5 sites semblent associés à l’homosexualité, dont 2 semblent liés à des régulations d’hormones sexuelles et de l’olfaction. On arrive en agrégeant des résultats disparates à 8 à 25% de variations chez les homosexuels (hommes et femmes) par rapport aux hétérosexuels. Il n’y ni des données contraignantes liant ces mutations génétiques à des fonctions établies, ni de cascades de signaux identifiés – le lien avec l’olfaction est une corrélation tout au plus. Ces mêmes mutations génétiques concernent aussi le fait de fumer, de consommer du cannabis, de prendre des risques dans la vie ! Les auteurs reconnaissent que la génétique est un faible facteur et que l’environnement est crucial. Tout cela ne va pas empêcher les raccourcis dans les médias.

On reste ébahi devant la résistance de la génétomanie  depuis 4 décennies avec des résultats aussi faibles pour ne pas dire lamentables. Dans le domaine des maladies neurologiques et psychiatriques, on nous rebat les oreilles depuis des lustres avec la cause génétique de l’autisme, de la schizophrénie, de la maladie de Parkinson, d’Alzheimer etc. Avec plusieurs centaines de mutations censées être impliquées, on arrive toujours à décider de façon péremptoire que la génétique intervient pour 15 à 25% dans l’autisme, avec des calculs dignes d’une liseuse de bonne aventure, et que demain ces chiffres passeront à 100%, il faut juste de la patience et plus de moyens pour ce type de recherche.

Dans la maladie de Parkinson, on en est à peut-être 1-2%, comme pour la majorité des autres maladies cérébrales. Mieux, on nous promet depuis des lustres pouvoir guérir toutes ces maladies grâce à la génétique, sauf qu’on ne voit aucun traitement venir des décennies après avoir identifié des mutations, y compris pour des maladies dans lesquels les données génétiques sont contraignantes.  Il en est ainsi par exemple dans la chorée de Huntington ou le syndrome de Rett.

Les seuls traitements en cours de développement pour l’autisme n’ont aucun lien avec la génétique mais résultent de travaux sur les mécanismes de la pathologie et la maturation cérébrale. On reste confondus devant autant de persistance dans l’erreur. L’environnement -en particulier pendant la grossesse et les premières années de vie- est crucial pour comprendre et traiter ces désordres. Gènes et environnement opèrent en série et il est impossible de les dissocier. On ne fera pas l’économie du travail de fond sur la pathogenèse de ces maladies et comment gènes et environnement interagissent pour produire les modifications dans les réseaux de neurones à l’origine des maladies neurologiques et psychiatriques.

Source: Ganna et al. « Large-scale GWAS reveals insights into the genetic architecture of same-sex sexual behavior. » Science 365.6456 (2019): eaat7693.

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