Fondation Lejeune : les plaintes déboutées par la cour de cassation


Il y a 2 ans, j’ai publié dans les Echos un texte critiquant l’attitude de Mr Le Méné, président du Conseil d’administration de la Fondation Jérôme Lejeune, et son attitude concernant la politique et l’extrême droite (voir article ci-dessous). Cette fondation m’a poursuivi en diffamation, m’accusant que la comparaison avec Lyssenko revenait à traiter ce monsieur d’assassin. Au procès, j’ai eu beau rôle d’attirer l’attention du tribunal sur le fait que Staline n’avait pas envoyé que des généticiens au Goulag et que la comparaison avec Lyssenko est un classique sur les dangers de mélanger science et politique. Mr Le Méné, qui n’est pas un scientifique, a parfaitement le droit d’avoir des opinions de droite extrême, mais pas au titre de ses fonctions de Président d’une fondation d’utilité publique qui normalement appelle à une certaine précaution dans ses déclarations.

La cour m’a donné raison, puis la cour d’appel a confirmé cette décision.  Comme à l’évidence cette fondation et son président ne cèdent jamais et ne reconnaissent jamais leurs torts, l’affaire est remontée à la cour de cassation qui a confirmé les décisions du tribunal d’instance et de la cour d’appel. L’affaire est donc close et Mr Le Méné n’a pas été diffamé dans mon texte.   En conclusion, Mr Le Méné se doit de respecter une certaine distance et d’éviter d’afficher ses positions, en tout cas avec le titre de président du conseil d’administration d’une fondation. Qu’on se le dise ! J’espère que cette longue et coûteuse histoire servira de leçon à ceux qui persistent à mêler science et politique.

 

Yehezkel Ben-AriLes Echos | Le 22/02/2016

Science, politique et fondation

Avec la crise économique, la recherche de financements est devenue un deuxième métier pour les chercheurs, qui passent plus de temps à remplir des formulaires qu’à faire de la recherche. Du coup, les fondations privées ont le vent en poupe, même si les sommes dont elles disposent en France ont peu à voir avec celles de leurs homologues américaines. La Fondation Jérôme Lejeune finance, en principe, des travaux liés à la trisomie 21 et, d’une façon plus générale, l’étude des malformations cérébrales. Reste que cette fondation d’utilité publique semble mélanger allègrement science et politique, séparation pourtant indispensable à une recherche fiable et de qualité. Ainsi, sur un site Web proche de l’extrême droite, Boulevard Voltaire, le président d’honneur du conseil d’administration de la fondation lance une charge contre le planning familial, doublée d’un appel à soutenir la candidate du Front national en région Paca. « Voir une classe politique quasi unanime faire de l’immoralité un argument électoral pour battre une candidate de vingt-six ans qui cherche à dissiper le mensonge a quelque chose de crépusculaire », écrit-il. Précisons que le président d’honneur du conseil d’administration est par ailleurs éditeur du fort peu républicain site Boulevard Voltaire…

Une fondation d’utilité publique qui reçoit des fonds privés, avec remises fiscales importantes, ne peut pas tenir des positions politiques extrémistes qui, de surcroît, s’inscrivent en faux contre la loi. Ce mélange des genres est préjudiciable aux scientifiques – au demeurant de qualité – qui, faisant partie du conseil scientifique de la fondation ou étant financés par elle, se trouvent ainsi pris en otage. L’histoire nous enseigne que de tels mélanges (l’exemple de Lyssenko et de sa théorie génétique pseudoscientifique, sous Staline, l’atteste parmi beaucoup d’autres) finissent toujours par produire des aberrations. De grâce, laissons les scientifiques faire leur travail sans les enrôler contre leur gré dans des querelles de basse politique.

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