Traiter l’autisme : au delà des gènes et de la psychanalyse (96 pages)
Y Ben-Ari, E lemonnier et N Hadjikhani
De Boeck Supérieur
Malgré les dernières avancées scientifiques, les troubles du spectre autistique n’ont pas encore trouvé de traitement. Les approches purement psychothérapeutiques, psychiatriques ou génétiques mènent à une impasse parce qu’elles ignorent deux déclencheurs des TSA : les déviations neuronales dans les premiers mois de l’enfance, et les différentes étapes de la maturation cérébrale.
Les auteurs de cet ouvrage n’excluent aucun facteur de risque de l’autisme et livrent les résultats prometteurs de leurs recherches. Ils proposent, en soutien aux prises en charge habituelles, l’utilisation innovante d’un diurétique normalement utilisé pour traiter l’hypertension et l’œdème cérébral.
Ils ne prétendent pas guérir l’autisme, mais plaident pour un dépistage et une prise en charge précoces associés à un traitement systémique sans effets secondaires important
1. Pourquoi ce livre ? A qui est-il destiné ?
Ce livre raconte comment la rencontre d’un chercheur expert de la maturation et des pathologies cérébrales avec un thérapeute qui traite les enfants autistes (EL), est venue l’idée de tester les effets d’un diurétique qui réduit le chlore dans les cellules nerveuses. Ensuite, une experte en imagerie cérébrale (NH) s’est jointe à nous et montré que le traitement améliore la reconnaissance des visages et que la peur active des régions cérébrales après traitement qui ne l’étaient pas avant. Le livre décrit les obstacles administratifs, cliniques et scientifiques contre toute innovation. Il a été écrit dans un langage clair et simple dans la but d’interesser le grand public et notamment les familles d’enfants autistes.
2. Qu’y trouve-t-on ?
On y trouve les regards croisés et complémentaires de 3 experts dans des domaines très différents sur l’autisme. Nous y décrivons aussi bien les mécanismes de la maturation que comment ces mécanismes sont déviés par le processus pathologique, des témoignages d’enfants avant et après traitement, la reconnaissance des visages déficientes mais aussi la difficulté de financer et faire des essais cliniques pour développer un nouveau médicament pour une maladie qui n’en n’a pas.
3. Quel est le paysage « classique » de la recherche sur l’origine et la prise en charge des troubles autistiques en France ? (Eric Lemonnier)
Avant 6 ans les parents ont le choix entre le CAMSP, le CMPP, l’hôpital de jour et des spécialistes libéraux. A quelques exceptions notables, la théorie dominante reste inspirée par la théorie freudienne si bien que pataugeoire, poney et psychothérapie où il s’agit de laisser au sujet la possibilité d’exprimer son désir restent la règle. Depuis 2014 des unités d’enseignement maternel adapté sont en place (une par département accueillant 7 enfants). Depuis peu des unités spécialisées (dans le limousin, Toulouse, Tours, Versailles, Lyon) accueillent les enfants avec des prises en charges psycho-éducatives considérées efficaces –TEACCH, ABA, Denvers, Thérapie d’échange et de développement, PECS. Au delà de 6 ans, ceux qui ne peuvent pas suivre une scolarité traditionnelle sont orientés en IME, hôpitaux de jour, SESSAD ou spécialistes libéraux.
4. Avec quels résultats ?
Les approches psychoéducatives ont montré de bons résultats mais elles restent peu pratiquées. Concernant la génétique, plusieurs centaines de mutations génétiques concernant en tout un faible pourcentage des malades et surtout qui n’ouvre pas de perspective thérapeutique sérieuse. En effet, nous avons montré que la maladie naissant in utéro, des neurones se placent ou se connectent mal gardent des propriétés immatures générant des activités cérébrale qui sont la cause directe du syndrome. Donc même s’il était possible de corriger la mutation –ce qui n’est pas le cas- on ne restaurerait pas les réseaux malformés.
5. Face à l’échec de ces deux approches, vous proposez une 3ème voie. Laquelle ?
La bonne approche est de déterminer comment la maturation cérébrale est affectée par les mécanismes à l’origine de l’autisme, puis de développer des agents comme notre diurétique qui les bloquent. Une publication récente montre que le diurétique améliore les effets de psychothérapies adaptées suggérant qu’une approche combinée pourrait constituer une voie prometteuse. Nous avons pour but non pas de guérir la maladie –tache difficile étant donné son origine intra-utérine- mais de faciliter le processus d’intégration de l’enfant dans la société le plus tôt possible sachant car si le diagnostique est fait tôt, le traitement aura des effets plus durables. Nous avons réussi un deuxième essai multicentrique phase2 approuvé par les experts de la communauté européenne qui sera publié bientôt (88 enfants de 2-18 ans). Nous espérons lever les fonds requis pour faire une phase 3 finale l’an prochain.
Diminutifs
CAMSP : Centre d’Action Medico-Sociale Précoce
CMPP : Centre Medico-Psycho-Pédagogique ,
TEACCH : Treatment and Education of Autistic and related Communication handicaped Children
ABA : Applied Behavior Analysis
PECS : Picture Exchange Communication System
IME : Institut Medico-Educatif
SESSAD : Service d’Education Spécialisée et de Soin à Domicilea